Extraits
Homélie Messe pour la France – 11 mars 2017
Prier pour l’accueil de la Vulnérabilité
Ce commandement de l’amour des ennemis nous paraît déjà difficile, mais il y a presque plus difficile : aimer les plus vulnérables. Ils ne nous ont rien fait, mais ils nous renvoient nos peurs. C’est le thème que développe Sophie Lutz pour cette 4ème semaine de notre prière pour la France.
Sophie et son époux Damien sont venus à L’Ile-Bouchard le 11 février dernier lors de la journée des malades nous apporter leur témoignage de Parents d’une enfant vulnérable.
Dans la vidéo pour la neuvaine, Sophie commence par une extraordinaire action de grâce.
« Merci pour ma fille Philippine, une petite Française très spéciale. Elle est polyhandicapée, elle s’appelle Philippine. Je voudrais remercier le fait que, dans notre pays, Philippine puisse être soignée, accompagnée, recevoir tout ce dont elle a besoin avec ce handicap lourd, parce qu’on soit riche ou qu’on soit pauvre, dans ce pays, on peut être soutenu, quel que soit son état de santé. Je voudrais dire merci pour tous les professionnels du monde médical qui choisissent ces métiers, qui font que Philippine peut avoir une vie bonne. Tous ces gens qui choisissent de se mettre au service des malades, des souffrants, des fragiles, merci pour leurs choix, pour leur soutien, pour leurs compétences. Merci pour ses voisins, qui viennent de temps en temps le week-end chercher Philippine, et puis, en famille, ils partent avec le fauteuil roulant faire un petit tour en ville, d’une heure. C’est le moment de Philippine et c’est ses amis. Merci pour cette générosité qu’ils ont. Merci pour les jeunes que je rencontre dans les conférences où je partage cette expérience de vie avec Philippine, merci pour leur écoute, merci pour le fait qu’ils se laissent toucher, – on sent déjà leur générosité, ils se posent plein de belles questions sur le sens de leur vie, grâce à Philippine. »
Voilà l’apport de nos frères et soeurs vulnérables, nous recentrer sur l’essentiel. Quel est le sens de notre vie ? j’ai vu cette semaine un film également magnifique : Et les mistral gagnants, d’Anne-Dauphine Juliand. Maman de deux enfant malades, auteur de Deux petits pas dans le sable mouillé, elleréalise dans ce film un documentaire bouleversant, lumineuse leçon de vie reçue d’enfants malades. Elle filme les enfants à hauteur d’enfants, avec une seule caméra, et nous fait vivre le quotidien de ces enfants, qui, malgré les soins intensifs et les souffrances, vivent leur vie à une hauteur qui nous dépasse.Imad, 6 ans, souffre d’une insuffisance rénale sévère. Tugdual, 8 ans, a été opéré d’une tumeur de l’aorte, à l’âge de 3 ans. Ambre, 9 ans, a une maladie cardiaque sévère. Camille, 6 ans, a un neuroblastome, et Charles, 9 ans, une épidermolyse bulleuse… «Quand on découvre ces terribles pathologies, chez des enfants si petits, écrit un critique de cinéma, on s’imagine que l’on va voir un film affreux. Mais c’est tout le contraire !On est fasciné par ces bouilles rigolardes, ces regards pleins d’intensité et ces sourires désarmants. Les soins médicaux deviennent des jeux, quand les enfants ne sont pas occupés… par le foot, les répétitions théâtrales ou les courses, à travers les couloirs de l’hôpital, avec un copain. « Quand on est malade, ça empêche pas d’être heureux », affirme Camille, montrant ainsi son formidable détachement face à sa situation de jeune cancéreux. « Quand je serai mort, je ne serai plus malade », ajoute-t-il ensuite avec malice. Quant à Charles, il explique : « Ma peau est fragile comme des ailes de papillon. »
Lors de la première année St Martin, en 1996, à Tours, le saint Pape Jean-Paul II a eu des mots très clairs : «Une société est jugée au regard qu’elle porte sur les blessés de la vie et à l’attitude qu’elle adopte à leur égard. Chacun de ses membres devra un jour répondre de ses paroles et de ses actes envers ceux que personne ne regarde, envers ceux devant qui on se détourne.»
Mais frères et soeurs, il est vrai que ce n’est pas facile de regarder je dirai normalement nos frères et soeurs porteurs de maladie et de handicaps, car cela nous fait peur. Car ils font peur à la société.
Frères et soeurs, il y a non seulement la peur que les personnes vulnérables entraînent, mais il y a aussi le coût économique. Certains ultra-libéraux défendent donc l’euthanasie aussi pour des raisons économiques.
Alors on comprends le rêve de Sophie Lutz pour la France : «Mon rêve pour la France, c’est que la générosité envers les plus fragiles, qui est déjà tellement belle, ne diminue pas. Mon rêve pour la France, c’est que nous ne nous laissions pas abuser par les sirènes d’un prétendu progrès d’amélioration de l’homme par la technique, et qui a pour corollaire l’élimination des plus fragiles. Moi, je veux que les plus fragiles continuent d’exister et d’être dans la société. Mon rêve, c’est que les femmes françaises ne perdent pas le sens profond de leur maternité, qu’elle soit dans la chair, ou qu’elle soit spirituelle. Qu’elles gardent cette valeur de la maternité en elles, qu’elles ne la laissent pas se perdre. Et mon rêve, c’est que Philippine soit toujours aimée et accompagnée jusqu’à sa mort naturelle.»
Chers frères et soeurs chrétiens, c’est à nous chrétiens d’être aux premières loges de ce combat pour une culture de vie, d’accueil des plus fragiles, des plus jeunes aux anciens. Car nous sommes un peuple consacré au Seigneur notre Dieu,comme il l’a dit dans le livre du Deutéronome, car nous sommes tous fils et filles d’un même Père. Prions pour l’accueil des plus vulnérables dans notre pays. Amen.
Laisser un commentaire