Homélie Dimanche de PAQUES – 16 avril 2017
11h15 saint-Gilles avec 3 baptêmes
(deux jeunes : Laura LAMBRESEUR 12 ans, Hugo Girard 13 ans
et 1 enfant Nathan Robveille 3 ans)
Marie de Magdala se rend de bon matin au tombeau. Elle ne pouvait y aller plus tôt car pendant le sabbat juif si on le respecte scrupuleusement, il n’est pas possible de se déplacer. On imagine sa nuit, pas comme la nôtre car nous, nous célébrons depuis hier soir la Résurrection, mais pour Marie de Magdala, une nuit de souffrance. Elle a pris avec elle des parfums pour un homme mort depuis 3 jours. Elle pensait à tout ce qu’elle avait vécu avec Jésus, depuis la Galilée ; mais aussi à ce Dieu en décomposition qu’elle allait trouver; dissimulé dans un paquet de linges blancs et parfumés. Mais les choses ne se sont pas passées comme elle l’imaginait. Arrivée au tombeau, grande surprise, malgré les gardes, la pierre a été roulée. Elle n’en conclut pas à la Résurrection, comment aurait-elle pu l’imaginer, même si Jésus l’avait prédite, mais c’était de manière voilée. Donc il a été enlevé et on ne sait où on l’a mis. Marie court bien sûr raconter la chose aux disciples qui eux-même courent au tombeau. Le verbe courir est réservé dans l’évangile de Jean à ce jour là. Le plus jeune, Jean, arrivé en 1er, dit à Pierre : «après vous !» Il laisse passer Pierre le chef des apôtres.
Fabrice Hadjaj dans un petit livre «Résurrection mode d’emploi», rapporte que pour le grand philosophe Emmanuel Levinas, la plus belle définition de la civilisation est dans ce «après-vous». Alors Pierre entre : «Il aperçoit les linges posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.» C’est curieux, les voleurs du corps n’ont pas pris les bandelettes et le linceul. «Le tombeau n’est pas vide, poursuit Hadjaj, il y a encore le linceul, enroulé comme à l’heure de la sépulture, sauf qu’à présent l’enveloppe est affaissée sur la divine absence. S’il y avait eu vol, on aurait pris le corps avec son emballage, et si les voleurs avaient pris le temps d’enlever l’emballage, ils n’auraient pu le ré-enrouler selon les dimensions du corps ! Pierre cependant à la prudence des Pape et n’en tire pas de conclusions hâtives.
Jean entre à son tour et illuminé par l’Esprit Saint, comprend. «Il vit et il crut». Le corps de Jésus n’a pas été volé, il a repris vie. Il a vu les bandelettes retombées sur elles-mêmes, et à travers cette Chrysalide vide sans avoir été déchirée, l’ostensible effacement du maître.» Le miracle des miracles de ce jour de Pâques est un miracle en creux. Dieu n’a pas besoin de trompettes pour signer son arrivée. Il s’efface et réalise l’éternel «Après-vous».
Et alors toute l’Ecriture, tout ce que Jésus avait dit s’éclaire pour les apôtres : «Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.»
Mais pour Jésus, ressusciter ce n’est pas reprendre la vie d’avant. Cet «après-vous» que Jean a offert à Pierre ; Jésus nous l’offre à nous. Après-vous. Ou encore : maintenant c’est à vous. A vous d’être mes disciples. A vous d’annoncer la bonne nouvelle du salut et de la Miséricorde de Dieu. A vous les baptisés de ce jour de dire à vos amis : Dieu existe, je l’ai rencontré. Il est mon meilleur amis, il est mon Dieu.
Chers paroissiens et chères familles de la session du Triduum, pendant 3 jours vous avez accompagnés Jésus pendant sa passion. Du Cénacle, au jardin des Oliviers, au Golgotha, mais aussi au tombeau vide. Jésus ressuscité vous dit maintenant : «après vous !» «C’est à vous !» Amen.
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